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Infections nosocomiales

Espace pour les étudiants en sciences paramédicales, en complément des cours dispensés en classe

Les antiseptiques

télécharger le cours en cliquant sur ce lien // cours sur les antiseptiques

 

 

 

Choix d'un antiseptique

En usage externe, les antiseptiques sont préférés aux antibiotiques pour deux raisons : ils ne sélectionnent pas des bactéries résistantes aux antibiotiques, et ils ne provoquent pas de sensibilisation croisée avec des antibiotiques qui pourraient servir à soigner une complication de l'infection cutanée. Ceci dit, les antibiotiques sont parfois utiles aux traitements externes, surtout pour les soins des ulcérations, des fosses nasales, des yeux ou des oreilles. Les antiseptiques sont particulièrement utiles en usage cutané, buccal ou gynécologique. Un antiseptique en usage externe peut parfaitement, si c'est indiqué, compléter un usage interne d'antibiotique. Quelle différence y a-t-il entre antiseptique et désinfectant ? L'antiseptique s'utilise sur les tissus vivants, le désinfectant s'utilise sur les matériaux inertes.

Les antiseptiques peuvent agir sur trois types de germes : bactéries, champignons microscopiques et/ou virus. Certains d'entre eux tuent les germes : ils sont bactéricides, fongicides ou virucides. D'autres en inhibent la croissance, laissant au système immunitaire l'occasion de débarrasser l'organisme de l'invasion microbienne. Ce sont les bactériostatiques et les fongistatiques. Il est déconseillé d'associer un antiseptique tuant le germe à un autre inhibant sa croissance, car l'inhibition de la croissance met le germe à l'abri de l'agent destiné à le tuer. De façon générale, les associations de plusieurs antiseptiques sont à éviter, afin d'éviter les apparitions de résistance des germes vis-à-vis de ces antiseptiques.

Les antiseptiques agissent sur un nombre variable de germes. Ceux qui n'agissent que sur peu d'entre eux sont dits à spectre étroit. Ceux qui agissent sur un grand nombre de germes sont dits à large spectre. Un effet indésirable des antiseptiques est le déséquilibre qu'ils peuvent induire au sein de la population microbienne naturelle de la peau et des muqueuses (les flores cutanées, buccales et vaginales). Pour cette raison, on préférera utiliser des antiseptiques à spectre large en cas d'usage prolongé (ceci diffère des recommandations d'usage des antibiotiques). Un antibactérien à spectre étroit (comme l'hexamidine) risquerait de favoriser la prolifération des germes qu'il n'affecte pas, comme les champignons microscopiques. En usage buccal, par exemple, une mycose (infection fongique, c'est à dire, par des champignons microscopiques) pourrait en résulter.

Enfin, une recommandation s'impose : une plaie souillée doit toujours être soigneusement lavée avant tout autre traitement. Les impuretés présentes peuvent porter des germes et aussi détourner vers elles l'action du système immunitaire. Nous vous rappelons également que les rappels de vaccination contre le tétanos ne sont pas du luxe.

TABLEAU DES ANTISEPTIQUES USUELS

Les antiseptiques marqués en rouges sont plus particulièrement à recommander pour leur action bactéricide à large spectre. Les tensioactifs anioniques et cationiques se neutralisent mutuellement. On évitera de les associer. Dans la mesure où les détergents des savons ordinaires sont eux aussi des tensioactifs anioniques (ce qui explique leur action antiseptique), il faut bien rincer la peau nettoyée par ces savons avant d'appliquer un antiseptique cationique comme le Cedium.

Les antiseptiques dissous dans l'eau sans alcool sont l'ISO-BETADINE (Polyvidone iodée), le CEDIUM (Benzalkonium) au et le HAC (Chlorehexidine + Cetrimide à diluer, mais en trop grande quantité pour un usage domestique). L'absence d'alcool signifie que la solution antiseptique ne pique pas du tout. L'avantage est évident en cas d'usage chez les enfants : l'enfant qui sait que l'antiseptique de maman ne pique pas hésitera moins à venir faire soigner une écorchure ou une petite plaie. L'absence d'alcool semble aussi être un avantage pour la cicatrisation des piercings.

 

 

CLASSE

NOM

USAGE

ACTION SUR LES BACTERIES

ACTION SUR LES MYCOSES

ACTION SUR LES VIRUS

Halogénés

Agissent rapidement par oxydation et destruction des protéines structurales et enzymatiques des germes. Très efficaces, même en présence de sang.

Teinture d'iode

Tel quel, de préférence à 50%. Risque de réaction d'hypersensibilité et risque de perturbation de la fonction thyroïdienne des nouveaux-nés: préférer la polyvidone iodée.

Bactéricide

Fongicide et sporicide

Virucide

Polyvidone iodée

Cutané (en solution ou en gel); buccal ou gynécologique. Bien toléré. Convient aux muqueuses. La coloration brune s'estompe au fur-et-à-mesure que l'iode exerce son activité oxydante antiseptique. Les savons à la polyvidone iodée doivent être appliqués jusqu'à ce que la coloration subsiste; bien rincer ensuite.

Bactéricide

Fongicide et sporicide

Virucide

Hypochlorite sodique

En solution prêtre à l'emploi, en comprimés à dissoudre ou en poudre à dissoudre pour bains de doigts, etc. Parfois allergisant. En fait, s'utilise surtout comme désinfectant.

Bactéricide

Fongicide et sporicide

Virucide

Alcools

Agissent par dénaturation des protéines. Action très rapide mais nécessite la présence d'eau, ce qui rend les alcools purs moins efficace que leurs dilutions. Très utiles en tant que désinfectants.

Alcool éthylique

Tel quel, dilué à 70% pour une application brève, et à 50% pour une application prolongée. Utilisé le plus souvent avec 3% d'éther, pour former l'alcool dénaturé. Bien toléré, mais pique fortement. Ne convient pas pour les plaies ou les muqueuses.

 Bactéricide, y compris sur le bacille tuberculeux

Fongicide

Virucide dans une certaine mesure

Alcool propylique

Tel quel, par exemple à 70% dans des lingettes antiseptiques (avant et après piqûre, etc.) ou à 60%. Bien toléré; pique moins que l'alcool éthylique. Ne convient pas pour les plaies ou les muqueuses.

 Bactéricide, y compris sur le bacille tuberculeux

Fongicide

Virucide dans une certaine mesure

Oxydants

Agissent par oxydation et destruction des protéines structurales et enzymatiques des germes. Aussi utiles comme désinfectants.

Eau oxygénée

Tel quel, à dix volumes (=3%). Utilisé pour décaper les dermatoses ulcérées. Utile aussi pour les plaies souillées de terre à cause de son activité contre les bactéries anaérobies. Instable.

Bactéricide léger

Fongicide léger

Virucide léger

Permanganate de potassium

Tel quel, en dilution 1/10.000 pour les soins des ulcérations. Très peu allergisant. Son action est malheureusement inhibée en présence de tissus organiques.

Bactéricide, d'avantage sur les bactéries Gram (-) que Gram (+). La réduction rapide per les tissus organiques diminue rapidement son activité.

 

 

Tensioactifs anioniques

Perturbent la membrane cytoplasmique.

Laurylsulfate sodique

Présent dans de nombreux produits lavants. Action faible et souvent absorbée par le pansement.

Bactériostatique à spectre étroit (bactéries Gram (+))

 

 

Tensioactifs cationiques

Perturbent la membrane cytoplasmique.

Benzalkonium

En solution (gouttes ou sprays). Convient aux muqueuses. Action faible et souvent absorbée par le pansement. Relativement allergisant. Neutralisé par les savons, le sang, le pus, etc.

Bactériostatique à spectre étroit (d'avantage les bactéries Gram (+); des Gram (-) comme les Pseudomonas et les Serratia peuvent même se développer dans la solution.

Faiblement fongistatique

Destruction des virus enveloppés et aucune action sur les virus nus.

Autres

Hexamidine

En solution. Peu irritant.

Bactéricide, surtout sur les Gram (+).

Fongistatique

 

Chlorexidine

Lèse la membrane cytoplasmique des bactéries. A plus forte concentration, précipite les protéines et les acides nucléiques.

  Antiseptique très utilisé, notamment en clinique. Se fixe sur la peau. En solution ou en poudre (talc imprégné de Chlorhexidine). Les solutions à plus de 0,02% peuvent être irritantes pour les muqueuses. Peut rarement entrainer une sensibilité cutanée.

Bactéricide à large spectre, très rapide à partir de 0,1mg/ml.

Léger fongicide; inactif sur les spores et les mycobactéries

Inactif

Le bon vieux mercurochrome n'est pas repris dans le tableau. Il est très allergisant, peut être toxique et est depuis longtemps supplanté par des molécules plus "modernes". L'éosine n'est que faiblement antiseptique et sert surtout en tant qu'agent "asséchant". L'éther n'est pas antiseptique. Il dissout les colles et sert à nettoyer la peau après l'enlèvement d'un pansement adhésif.

Les antiseptiques en petits conditionnements sont préférables car ils ne servent qu'occasionnellement. Un antiseptique périmé doit être détruit. Apportez le à la pharmacie ("Médicaments périmés").

PRINCIPALES MARQUES, PRÉSENTATIONS

1. USAGE CUTANÉ, À APPLIQUER

POLYVIDONE IODEE

  • ISO-BETADINE solution (grand flacon ou paquet de cinq mono-doses), pommade-gel, tulle
  • IODEX pommade

CHLORHEXIDINE

  • ASTREXINE poudre
  • HIBITANE crème, solution, teinture
  • MEFREN solution

HEXAMIDINE

  • HEXOMEDINE solution (pour plaies), solution trans-cutanée (ne convient pas aux plaies mais s'utilise comme antiseptique des infections intra-dermiques)

BENZALKONIUM

  • CEDIUM solution, spray

2. USAGE CUTANÉ, POUR NETTOYER

POLYVIDONE IODEE

  • ISO-BETADINE savon liquide
  • BETADERMYL savon liquide, savon solide

ALCOOL ISOPROPYLIQUE

  • ASSANIS, SANIHAND, SANIFOOT : gel antiseptique pour les mains ou pour les pieds, sans rincer en flacon ou en lingettes.
  • MEDISWAB : lingettes imprégnées pour la peau (avant et après injection, lavage des mains,...) ou pour la désinfection des petits objets (couverts de restaurant, rebord de verre... - très utile en voyage).

CHLORHEXIDINE

  • HIBISCRUB savon liquide

3. USAGE BUCCAL

POLYVIDONE IODEE

  • ISO-BETADINE bain de bouche

CHLORHEXIDINE

  • CORSODYL bain de bouche, spray gorge
  • NEO-GOLASEPTINE spray pour la gorge, en association avec du chlorure de benzéthonium (autre antiseptique)
  • MEDICA spray et pastilles pour la gorge, en association avec le chlorhydrate de lidocaïne (anesthésique local)

HEXAMIDINE

  • HEXOMEDINE spray pour la gorge, en association avec le chlorhydrate de tetracaïne (anesthésique local)

CHLORURE DE BENZOXONIUM

  • OROFAR spray et pastilles pour la gorge

ANTIBIOTIQUE LOCAL EN USAGE BUCCAL : LA TYROTHRICINE

  • LEMOCIN pastilles pour la gorge, en association avec le cétrimide (autre antiseptique) et le chlorhydrate de lidocaïne (anesthésique local)

4. USAGE GYNÉCOLOGIQUE

POLYVIDONE IODEE

  • ISO-BETADINE solution gynécologique